Le Triomphe de la République

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Le Triomphe de la République est un groupe monumental en bronze de Jules Dalou, situé dans le jardin de Marianne, au centre de la place de la Nation à cheval sur les 11e et 12e arrondissements de Paris.

Historique[modifier | modifier le code]

Afin de commémorer la République française, un concours pour la conception d'un monument est lancé par la municipalité parisienne dès 1878. Ce sont les frères Léopold Morice, sculpteur, et François-Charles Morice, architecte, qui remportent le concours et leur Monument à la République est mis en œuvre pour orner la place de la République, il sera terminé en 1883.

Cependant, le projet[1] novateur et remarqué de Jules Dalou, arrivé en deuxième position, retient l'attention du jury et de la ville de Paris qui passe commande de sa réalisation en bronze pour être installée au centre de la place de la Nation. Dalou mettra vingt ans pour terminer cette œuvre colossale. À l'occasion des fêtes du centenaire de la Révolution française, le modèle à grandeur du monument en plâtre peint est inauguré le , lors d'une cérémonie présidée par Sadi Carnot. Dalou insista pour que le groupe soit fondu par le procédé de la cire perdue. Mais devant les difficultés de cette technique appliquée à un monument de cette taille, la version définitive en bronze fut majoritairement fondue par Thiébaut Frères[2],[3]au moyen du procédé de la fonte au sable. Elle sera inaugurée dix ans après, le , lors d'une cérémonie présidée par Émile Loubet.

En 1908[4], des monstres des mers[5] en bronze, réalisés par le sculpteur animalier Georges Gardet, sont installés dans le bassin. Ces animaux, symboles des forces de la réaction impuissante qui crachent des jets d'eau vers le groupe monumental, reprennent une idée qui avait été esquissée puis abandonnée par Dalou[6]. Ces éléments en bronze seront enlevés sous le régime de Vichy, dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux. Le bassin disparaît durant les années 1960 lors de la construction de la première ligne du Reseau Express Régional qui passe sous la place de la Nation.

Depuis la disparition de ce bassin (remplacé par le jardin de Marianne), Le Triomphe de la République a plusieurs fois servi de cadre à des photographies liées à des mouvements populaires, notamment lors des manifestations de Mai 68, ou celles des 10 et 11 janvier 2015[7].

Description[modifier | modifier le code]

Debout sur un char tiré par deux lions, symboles de la force populaire, et conduit par le Génie de la Liberté éclairant la route de son flambeau, la République est entourée des allégories du Travail (le forgeron, un marteau sur l'épaule), de la Justice (une femme tenant un manteau d'hermine et la main de justice), et de la Paix (dite aussi l'Abondance, répandant des fleurs).

La figure sommitale de la République (ou Marianne) prend appui sur un faisceau, attribut hérité de la République romaine, et porte le bonnet phrygien, symbole républicain de la liberté. Sous ses pieds, le globe terrestre évoque le caractère universel de la République. Des enfants symbolisent l'Instruction (portant un livre et les outils des métiers du bâtiment), l'Équité (chargé d'une balance) et la Richesse (tenant une corne d'abondance)[8]. Le fait que Marianne soit représentée avec un de ses seins étant nu peut faire penser à l'œuvre d'Eugène Delacroix La Liberté guidant le peuple, œuvre mondialement connue faisant référence aux Trois Glorieuses () Précisons qu' une figure allégorique ayant un sein découvert représente une force ou une divinité nourricière, maternelle, qui prend soin de ses enfants..

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Maurice Dreyfous, Dalou, sa vie et son œuvre, Paris, Éditions Henri Laurens, 1903.
  • Amélie Simier, Daniel Imbert, Guénola Groud, Dalou à Paris, éditions Paris Musées, 2010 (ISBN 978-2-7596-0121-9).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le modèle en plâtre patiné de 1879 est conservé à Paris au Petit Palais. « Le mouvement tournoyant de la composition et le réalisme exubérant de ses personnages font de cette esquisse un chef-d’œuvre qui révolutionne les conventions de la sculpture de son époque. », notice sur le site Petit Palais. Paris.fr.
  2. « Recherche-GLOSSAIRE DES FONDEURS-EDITEURS FRANCAIS DE SCULPTURES EN BRONZE: THIEBAUT FRERES », sur www.artcult.fr (consulté le )
  3. « Parisienne Curieuse: Vous, qui passez sans la voir … à la Nation », sur anetcha-parisienne.blogspot.fr (consulté le )
  4. Georges Poisson, Guide des statues de Paris - Monuments, décors, fontaines, Éditions Hazan, 1990, p. 133, (ASIN B00HJY28MS).
  5. En l'occurrence, des animaux chimériques entre l'alligator et le lézard géant.
  6. Maurice Dreyfous, Dalou, sa vie et son œuvre, p. 139.
  7. Voir les photographies Le Crayon guidant le peuple.
  8. Maurice Dreyfous, Dalou, sa vie et son œuvre, p. 109.